C’est parti pour trois nouvelles lectures : un roman qui laisse des traces, un essai qui fait sourire (jaune) et un pavé qui a fait décrocher la mâchoire de Gaëtan à plusieurs reprises !
La constellation du chien, Peter Heller ♥♥♥
Ce roman est un OVNI, bien différent de ce que j’ai l’habitude de lire. Je l’ai découvert chez mon libraire, on ne change pas les bonnes habitudes : il avait mis une petite fiche dessus avec un avis très positif qui a attisé ma curiosité.
“Je ne veux pas perdre le compte : ça fait neuf ans. La grippe a tué presque tout le monde puis la maladie du sang a pris le relais.”
Nous sommes aux États-Unis, neuf ans après la quasi-fin du monde. Une terrible maladie a décimé la majeure partie de la population mondiale, le climat se réchauffe inexorablement, chacun lutte pour sa survie.
Hig a tout perdu : sa femme, enceinte, fait partie des victimes. Il vit aujourd’hui retranché dans un périmètre qu’il sécurise chaque jour aux côtés de son compagnon d’infortune, Bangley, peu bavard mais efficace lorsqu’il s’agit d’éliminer les éventuels assaillants… Car il faut lutter au quotidien pour survivre – trouver de la nourriture, certes, mais aussi tuer ceux qui veulent vous la dérober.
Mais Hig a du mal à accepter cette nouvelle vie. Ce rêveur, amoureux de la nature, a besoin de s’échapper de temps en temps, à bord de son petit avion. Il embarque son chien et part pêcher. Jusqu’au jour où ça ne lui suffit plus, et où il décide de partir un peu plus loin, voir s’il y a d’autres survivants…
C’est un livre très particulier, que j’ai beaucoup aimé. Ce scénario, qui pourrait laisser penser qu’il s’agit de science fiction, est en réalité extrêmement plausible… ce qui rend ce roman extrêmement perturbant ! Quand Hig et Bangley sont contraints de tuer leurs assaillants, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’on ferait, à leur place. Comment survit-on à ça ? Comment trouver le bonheur dans ces conditions ?
Le style d’écriture est également surprenant – il peut gêner, je pense ; j’ai trouvé pour ma part qu’il ajoutait encore à la singularité de ce roman. La constellation du chien ne laisse pas indifférent, je ne l’oublierai pas de sitôt ! Je lui avais mis deux coeurs au départ mais il m’a tellement marquée que je lui en ai ajouté un ;)
De l’art d’ennuyer en racontant ses voyages, Matthias Debureaux ♥♥
Vous êtes plusieurs à m’avoir parlé de ce court essai sur le voyage et quand je l’ai vu à la librairie Voyageurs du Monde, je n’ai pas résisté à l’envie de le lire.
“Le blog, c’est la soirée diapos qui dure six mois.”
Matthias Debureaux nous donne de multiples conseils pour être le plus pénible possible quand on raconte ses voyages. Quelles anecdotes choisir (les pires), comment les raconter (le plus longuement possible), quelles métaphores employer (Venise devient la jolie fiancée de l’Adriatique)… C’est caustique et drôle !
J’ai beaucoup apprécié la partie sur les blogs : l’auteur n’est pas tendre avec nous ^^ Entre la connexion permanente à internet, les recettes miracles pour attirer le lecteur et le débat sur “voyager n’est pas une chance, c’est un choix”, rien n’est laissé de côté.
De l’art d’ennuyer en racontant ses voyages est un livre difficile à résumer, tant son intérêt réside dans l’accumulation des clichés et dans les tournures de phrases. Mais en tous cas, j’ai ri (parfois jaune) :)
Susceptibles, s’abstenir : vous vous reconnaîtrez forcément à un moment ou un autre !
Le héros aux mille et un visages, Joseph Campbell ♥♥
Considéré par beaucoup comme étant la bible de tout scénariste, Le héros aux mille et un visages puise dans de nombreux contes millénaires pour déconstruire les trames biens connues qui accompagnent nos soirées au coin du feu depuis que l’homme sait parler. Georges Lucas en a même fait son livre de chevet. Le héros qui doit affronter son père (Luke vs Dark Vador) ? Une banalité. Le petit être vert espiègle tapis dans les bois fumants qui apporte son aide (Yoda) ? Prff, un grand classique !
“Les mythologies populaires peuplent de dangers tout endroit désert situé hors des chemins sûrs”
En démarrant Le héros aux mille et un visages je voulais saisir les ficelles classiques de nos histoires, contes et mythes. Finalement, j’en suis ressorti avec bien plus (à commencer par 10 minutes les yeux dans le vide après avoir tourné la dernière page). Joseph Campbell nous donne les clés de narration des histoires de héros : celui qui part à l’aventure, volontaire ou non, qui se fait aider par des personnages surnaturels, qui réussit ses combats par la ruse et non la force, qui trouve l’objet de sa quête puis revient chez lui, adulé ou oublié, ou porteur de vie éternelle, selon les versions.
Mais le livre prend tout son sens quand on comprend qu’il existe une myriade de variantes, du conte grec antique à la légende kabyle ou au mythe polynésien, en passant par les évangiles ou le bouddhisme, qui racontent toutes, absolument toutes, la même histoire. Racontée différemment, évidement, mais avec des concepts identiques et des similitudes parfois étonnamment proches, alors que l’on en trouve des traces chez des peuples qui ont vécu à deux endroits opposés de la planète bien avant qu’arrive Internet.
D’où le fait que ma mâchoire se soit souvent décrochée. Je savais que les histoires reposent sur des bases communes, mais certains détails ont traversé les siècles et les continents de manière incroyable. Campbell nous raconte en fait l’histoire de l’humanité à travers ses mythes et légendes. C’est complètement fou de se dire qu’après des milliers d’années de transmissions, il est impossible de déterminer leur véritable origine. Certains peuples en ont fait des contes pour se divertir, d’autres des principes de vie, d’autres des religions. Mais au final, tout est identique. Une anecdote amusante relatée dans le livre : au XVIIe siècle en Amérique du Sud, les missionnaires chrétiens sont persuadés que le diable en personne les devance et colporte une parodie de la Bible. En effet, les populations locales connaissent très bien l’histoire de l’immaculée conception, mais avec des noms différents de Marie ou du Saint-Esprit…
Mon seul regret réside dans le style narratif, dans son jus. Une version actualisée serait tout de même la bienvenue pour rendre tout cela un peu plus fluide (coucou les éditions J’ai Lu !). Mais ça ne doit pas vous rebuter ! Bon et en bon fan de Star Wars, ça a été assez amusant de lire des extraits de contes millénaires, identiques en tout point à des scènes de l’épopée de Georges Lucas : situations, personnages, choix, tout est là. Lisez-le en ayant Star Wars en tête, c’est amusant :)
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Lectures en cours : Akhenaton : Le dieu maudit pour Gaëtan ; Contes des sages de l’Egypte antique pour moi.
Pour une version actualisé du héros au 1001 visages, il y a le guide du scénariste de Christopher Vogler que j’ai lu il y a deux ans maintenant et qui reprend le travail de Campbell dans une version plus agréable à lire et avec des exemples de films connus. Je le recommande chaudement à qui veut écrire. Cet été je lis Anatomie du scénario de John Truby qui est, pour moi, le livre que j’attendais pour comprendre les structures narratives profondes d’une histoire. C’est un livre précieux qui aide construire son histoire avant de l’écrire.
Oh merci Catherine, je pense que ça va grandement intéresser Gaëtan !
Haaa j’adore la phrase que tu as mise en exergue : « Le blog, c’est la soirée diapos qui dure six mois. » Et là, je repense à mes articles sur l’Égypte et la Corse qui n’en finissent pas…. Tellement drôle ;-p
Ahah mais pareil, quand j’ai lu cette phrase, j’ai bien ri ^^ J’ai mis plus de 6 mois à raconter notre road-trip en van ;)
Coucou Juliette,
bonne idée de mettre une petite citation en parallèle! Je mets le héros au 1001 visages et les Conseils de CatherineD dans mon panier. Ca fera un chouette cadeau pour mon fréro. Je suis en Train de lire Eureka Street de Robert McLiam. Ce livre est absolument génial, drôle, émouvant, dérangeant un peu aussi. Je suis même à deux doigts d’en apprendre un extrait par Coeur. J’étais convaincue que c’était toi qui nous l’avais conseillé mais je ne le retrouve plus dans tes Billets. J’ai dû le rêver mais ca Sache que je me laisse très souvent tenter par tes lectures :-)
Oh je crois que je l’ai dans ma bibliothèque, Eureka Street ! Mais je ne pense pas l’avoir lu… Tu m’intrigues et me donnes envie ! Merci pour ton commentaire ;)
Lu sur tes conseils “la constellation du chien”, j’ai adoré !
Du coup j’enchaîne avec The Road :)
Ravie qu’il t’ait plu ! Je n’ai pas lu The Road mais ça a l’air chouette :)
Je suis ton site depuis très longtemps mais je n’ai jamais commenté et là de lire tes derniers articles en parlant de Nice mais en trouvant les bons instants et puis je m’arrête ici car tu parles de voyages avec le deuxième livre, tu vas aller en Norvège. Bref c’est juste que j’adore voyager en fait et je sens que ça n’aura plus jamais le même sens pour certaines personnes…